Ce livre ne s’apparente pas à un acte de foi. Son origine vient d’un questionnement, d’une fascination, et sans doute du vertige qui ne peut qu’emporter ceux qui entendent évoquer, penser, comprendre, figurer un phénomène aussi troublant, aussi dérangeant, aussi insensé que celui de l’extase. Pour un peintre qui a toujours fait du corps l’objet et le sujet de ses explorations, pour un poète qui a toujours voulu s’affranchir des frontières d’un réel trop étroit, la rencontre autour d’une thématique de cette nature relève autant d’une quête que d’un défi. Comment représenter ce qui ne peut se voir ? Comment dire ce qui n’appartient qu’à l’indicible ? Comment faire des images de chairs qui aspirent à se désincarner ? Comment capter les traces, les effets, les lumières, les ombres, les soupirs ou les cris d’expériences ineffables ?
Comment restituer par des traits et des mots de tels transports, de tels excès, de telles effractions sublimées ?
Voilà, après bien d’autres aventures complices, des questions qui devaient passionner Ernest Pignon-Ernest et André Velter car, au contact de ces saintes embrasées, c’est, par-delà toutes croyances, un pouvoir d’illumination et de révélation qui s’expérimente. Ernest Pignon-Ernest est un artiste peintre né à Nice en 1942 et André Velter est un poète né dans les Ardennes en 1945.